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Axes et Cibles Analytiques

 

 

  • Compte-rendu officieux de l'Assemblée Générale des
    Amis des Etats Généraux de la Psychanalyse
    tenue à Paris le 29 novembre 2003

  • Réunions Axes et Cibles Analytique:
    2 décembre 2003
    21 Juin 2003
    journée d'étude du 24 mai 2003
    26 avril 2003
    1er Février 2003

    11 janvier 2003
    14 décembre 2002
    19 octobre 2002
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    Le groupe Axes et Cibles Analytiques est né en mai 2002, dans la double optique de préparer des contributions pour la deuxième rencontre mondiale des États Généraux de la Psychanalyse et d'étudier la question de la démocratisation des instances et des pratiques analytiques (conformément à ce que la notion d'États Généraux laisse entendre).

    Persuadés que l'avenir de la psychanalyse passe par une confrontation à d'autres disciplines et par la prise en compte des enjeux politiques, sociaux et culturels du monde contemporain, nous adhérons au projet général de ce mouvement qui vise à " créer les conditions d'une nouvelle réflexion sur la psychanalyse, sur ses rapports avec les autres disciplines et sur les relations des psychanalystes entre eux. " (*) et sommes favorables à l'idée d'entreprendre dans la société analytique une expérience de démocratie participative susceptible de remettre en cause l'habituelle césure entre minorité dirigeante et majorité dirigée.

    En tant que groupe de travail, l'option retenue est de constituer une plateforme ouverte qui soit facile d'accès. L'horizon de nos réunions comporte des interrogations sur la clinique, sur la pratique et sur la doctrine. De notre point de vue, les diverses théories qui balisent clinique et pratique et servent de support aux échanges au sein de la communauté psychanalytique méritent réexamen et le malaise lié à la façon dont le monde de l'analyse a appris à se civiliser doit pouvoir trouver à s'exprimer dans le cadre des EGP.
    Pour l'année en cours, les travaux engagés se concentrent principalement autour de deux axes :

    - Sur le 1er axe : " transfert et hiérarchie ", nous entendons aborder toute question relative à l'exercice du pouvoir analytique. Nous nous intéressons à la façon dont les phénomènes de transferts (au sens analytique mais aussi au sens général de transport, d'export-import d'idées et de pratiques) induisent et sont induits par diverses formes de hiérarchies (aussi bien de personnes que de valeurs). Ceci concerne par exemple la question de la circulation et de la reproduction des privilèges à l'occasion de la transmission de la psychanalyse mais aussi les apports mutuels (cliniques, pratiques et théoriques) entre psychanalyse et sciences de l'homme (de la philosophie à la biologie).

    - Sur le 2e axe, " évolution des pratiques ", nous nous intéressons aux transformations du métier d'analyste et à son développement en direction de terrains sociaux nouveaux. À partir de témoignages d'analystes, qui souvent évoluent en dehors ou en marge des sociétés analytiques, il est question d'exposer, le plus ouvertement possible, un certain nombre de prises en charge atypiques qui sont en lien avec les mutations actuelles de la société. Nous proposons de réfléchir aux relations entre les modifications du cadre et la conduite de la cure, notamment la question du commencement et de la fin de l'analyse, du paiement des séances, de leur durée et de leur fréquence, de leur(s) lieu(x), etc.

    Parti d'une initiative personnelle, ce groupe tend aujourd'hui à des prises de décision collectives et s'efforce d'avoir une organisation la moins hiérarchisée possible. Les personnes (une cinquantaine à ce jour) qui ont manifesté leur intérêt en venant dans ce groupe sont régulièrement tenues au courant des sujets abordés. Une circulation plus large de nos informations est également diffusée via Internet. Depuis décembre 2002, un comité de coordination fait chaque mois le point sur l'avancement des travaux et propose à l'ensemble du groupe des thèmes pour les réunions suivantes.

    Le comité de coordination d'Axes et Cibles Analytiques,
    M. Juffé, J. Letondal, S. Lézé, A.-G. Roger.
    e-mail : egp-axes@wanadoo.fr

     

    *) Objectif inscrit sur le programme des Premières Assises des EGP tenues à Paris en juillet 2000.

     

     

    Compte-rendu officieux de l'Assemblée Générale des
    Amis des États Généraux de la Psychanalyse
    tenue à Paris le 29 novembre 2003

     

    "Nous avons besoin d'ETRE le changement que nous voulons voir dans le monde. " Gandhi

    Trois points sont essentiellement inscrits à l'ordre du jour de cette l'Assemblée Générale annuelle, le rapport d'activité du Président, l'examen des comptes et le renouvellement du Conseil d'Administration.

    Sur les quatre-vingts membres cotisants que compte l'Association, seuls 14 participants ont effectué le déplacement jusqu'à la grande salle de la Bibliothèque qui accueille, place Saint Germain des Près à Paris, l'assemblée générale des Amis. Onze autres personnes ont confié leur pouvoir à un membre du bureau.
    Cinq des membres du Conseil d'Administration sont présents : Corinne Daubigny, René Major, Geneviève Morel, Jacqueline Rousseau-Dujardin et Chantal Talagrand-Major (absents : Yann Diener et Francis Capron).

    L'assemblée générale commence par le rapport d'activité du président.
    René Major rappelle qu'après le lancement de l'association en 2002, l'année 2003 a été caractérisée par un réel début d'activité. Depuis la précédente Assemblée Générale, le C.A. s'est réuni environ tous les deux mois. Une partie de l'énergie a encore dû être consacrée à effectuer des démarches administratives, comme le rapatriement du siège en région parisienne ; par ailleurs il a fallu prendre le temps de trouver un accord avec Annie Mallégol, conceptrice et animatrice du site initial des EGP. Un nouveau webmaster, rétribué à l'heure, a depuis été recruté. Thomas Lafon a reçu, entre autres, pour mission d'initier plusieurs membres de l'association, notamment Corinne Daubigny et Chantal Talagrand-Major, au maniement du site afin qu'à terme l'équipe puisse se passer des services réguliers d'un technicien. Le président tient à remercier Corinne Daubigny pour le temps considérable que cette dernière a consacré à la réorganisation de la Cyber Revue.
    Il est ensuite fait mention du succès de la première Controverse. Organisée par l'Institut des Hautes Etudes en Psychanalyse et le Monde Diplomatique à l'invitation des Amis des Etats Généraux de la Psychanalyse, cette soirée, animée par René Major et qui réunissait Jacques Derrida, Jean Baudrillard et Alain Gresh autour du thème : "Pourquoi la guerre?", avait attiré plus de 500 personnes en février dernier. D'autres rencontres de ce genre sont prévues dans les mois à venir.
    Depuis mars 2003, l'IHEP a été constitué en association de type 1901, ce qui implique qu'à l'avenir, contrairement à ce qui fut le cas en 2003, sa comptabilité sera totalement séparée de celle de l'Association des Amis. Un intervenant évoque l'utilité qu'il pourrait y avoir pour cet institut de prendre éventuellement le statut d'association européenne afin de bénéficier plus aisément de subventions de l'Union Européenne.
    Le président insiste par ailleurs sur l'autonomie de la psychanalyse et son indépendance par rapport aux pouvoirs publics, notamment dans le contexte d'une future loi réglementant en France les psychothérapies non analytiques.
    Pour l'année à venir, il est proposé de réfléchir au mode d'organisation des rencontres locales, régionales ou internationales ainsi qu'à l'articulation entre les diverses instances du mouvement. Le renforcement de l'activité des groupes de travail en Europe est posé comme faisant partie des évolutions souhaitables et les Amis se donnent également pour objectif l'organisation d'un colloque annuel. Il n'est cependant pas rendu compte de l'activité des divers groupes existants.

    L'assemblée générale se poursuit par la présentation du rapport financier. La trésorière expose la ventilation des postes de recettes et de dépenses. Les charges comme les rentrées (de l'ordre de 13700 euros) sont en forte augmentation par rapport à l'année précédente. L'exercice laisse apparaître un quasi-équilibre ; les explications fournies par Corinne Daubigny sont jugées suffisamment satisfaisantes pour que le quitus financier soit voté sans difficulté à l'unanimité.

    En lien avec une intervention de Victor Azoulay, qui propose de réfléchir à la manière d'ériger une éthique qui limiterait l'expression de propos antisémites dans les enceintes psychanalytiques, surviennent alors quelques questions et remarques relatives au déroulement de la seconde rencontre mondiale de Rio. Mais ces sujets, qui ont déjà fait l'objet d'une pré-réunion rassemblant la direction des Amis et quelques revenants de Rio, sont rapidement laissés de côté parce qu'arrive l'heure de passer à l'élection du nouveau Conseil d'Administration.

    René Major notifie son envie de se mettre en retrait et tient à préciser qu'il ne se représente qu'à la demande expresse de certain(e)s collègues qui le pressent de rester au CA.
    Neuf candidatures se trouvent bientôt relevées : 4 membres du C.A. en activité, (René Major, Corinne Daubigny, Chantal Talagrand-Major, Francis Capron) et 5 nouveaux.
    Parmi les nouveaux postulants, Amy Cohen, Claude Van Reeth et Pierre Marie (absent) sont d'emblée perçus comme des candidats normaux et ce d'autant plus qu'ils sont tous trois plus ou moins directement cooptés par l'équipe en place. Cela n'est le cas ni de Michel Juffé ni de Jacques Letondal. Dans la logique de leurs recherches sur " Hiérarchies et Transferts ", ces deux candidats excentriques, convaincus que le fonctionnement global du mouvement des EGP présente certaines faiblesses dont il faut oser parler, ont en effet entrepris de faire acte de candidature sans faire partie du cercle Major et sans avoir auparavant sollicité son aval.
    Corinne Daubigny décrète alors qu'elle voit mal comment on arrivera à organiser des réunions de travail si l'on doit s'ouvrir à une telle multitude. (Si tous les candidats étaient élus, le C.A. passerait de 7 à 9 membres ; Corinne Daubigny demande par ailleurs à ce que les 3 ou 4 personnes qui œuvrent avec elle au fonctionnement de la Cyber Revue soient présentes à ces m êmes réunions du C.A.)

    Un débat assez houleux s'engage alors sur la procédure à suivre pour le vote, les uns proposant un vote à main levée sur l'ensemble de la liste, sachant que si la majorité des voix n'est pas atteinte, on procéderait alors à un 2e vote, candidat par candidat, d'autres préférant la procédure du vote à bulletin secret, procédure finalement retenue à l'issue d'un vote éclair.
    L'idée surgit de s'en référer aux statuts. Il s'avère que ceux-ci n'ont jamais été, via Internet ou de tout autre façon, mis à la disposition des membres de l'Association, ce qui n'arrange rien au flou de la discussion. Nous apprenons cependant que, de l'avis même du Président en exercice, les statuts déposés par son prédécesseur ne sont pas forcément très bons. Cela n'empêche pas que, dans la passion du débat et dans la confusion quant aux rôles respectifs du Bureau et du Conseil d'Administration, le fait que les statuts actuels mentionnent que le C.A. (ou le bureau ?), compte cinq membres, est finalement utilisé comme prétexte par ceux qui entendent limiter le nombre d'élus pour mieux évincer les candidatures qui leur semblent inopportunes.

    À l'issue d'un curieux conciliabule tenu en aparté entre les 4 membres-candidats du C.A., lesquels, du fait des procurations initialement en leur possession et de celles entre temps remises par plusieurs partants, sont à eux seuls détenteurs des deux tiers des voix, le vote soi-disant à bulletin secret d'abord réclamé par la trésorière - au nom de la démocratie et du respect des convictions de chacun sans que le regard des autres puisse avoir un effet manipulatoire - se transforme bientôt en une collecte de croix et de chiffres (pour les détenteurs de pouvoirs) sur une feuille libre qui circule, au vu et su de tous, autour de la table, avec la liste des noms suivie de colonnes, une pour chaque votant - le président votant en dernier et nanti d'un bon nombre de procurations, étant en position d'arbitre.

    Ce dispositif éminemment démocratique - et en tout cas "transparent" quant aux votes des uns et des autres - adopté par les membres du C.A. en position de pouvoir a parfaitement fonctionné puisqu'il a permis d'élire aux Amis tous les candidats de la Majorité en laissant sur la touche les indésirables.

    La séance est levée par le Président sortant qui, généreusement, invite tous les présents à boire un verre de l'amitié…

     

    Paris le 9 décembre 2003

     

    Compte rendu rédigé par
    Michel Juffé, Jacques Letondal et Anne-Geneviève Roger coresponsables du groupe Axes et Cibles/EGP.

     

     

     

     

     

     

     

    Réunions:

    2 décembre 2003
    21 Juin 2003
    journée d'étude du 24 mai 2003
    26 avril 2003
    1er Février 2003

    11 janvier 2003
    14 décembre 2002
    19 octobre 2002

     




     

    La prochaine réunion du 2 décembre 2003 portera sur deux points:

    - Compte-rendu du 2e Mondial des Etats Généraux de la Psychanalyse à Rio ;
    réactions suite à l'Assemblée Générale de l' Association des Amis des EGP
    en date du 29 novembre ; perspectives concernant le développement de ce
    réseau en France et en Europe.

    - Discussion du programme de travail du groupe Axes & Cibles pour l'année 2004, accueil des propositions d'interventions autour du thème général précédemment proposé : «Les pratiques psychanalytiques, leurs effets présupposés et leurs incidences institutionnelles, politiques et idéologiques»

     

     

     

     

    " VOUS AVEZ DIT "ÉTATS GÉNÉRAUX" ?

    Dans le prolongement de la journée "Axes et Cibles" du 24 Mai 2003 au "Jardin des Fées", il nous paraît utile, pour la réunion du 21 Juin prochain :

    1) de faire le bilan de ces diverses réunions sur le thème "hiérarchie et transfert",
    2) de reprendre la question du sens que nous donnons au terme d' "états généraux" ( souvent avec majuscules, dans une certaine sacralisation ).
    Sommes-nous là dans une certaine mythologisation des commencements... et des recommencements ? René Major nous incite à définir nous-mêmes les fondements de ces "états généraux" en évitant les dérives de la mythologisation.

    Aussi, après deux demi-journées consacrées à ce thème en général (après-midi du15 mars et matin du 24 mai) et un échange de courriers avec Francis Capron, animateur du groupe " Subjectivus ", nous pensons qu'il est temps d'appliquer la réflexion globale sur ce thème au devenir des EGP.

    Dans la mesure où les EGP se sont présentés et prolongés sur l'idée d'une libre parole des psychanalystes et de ceux qui partagent son aventure séculaire, nous estimons que doit être versé au débat, ouvertement et publiquement, la question du transfert et de la transmission des manières de penser et d'agir au sein de la psychanalyse. Si nous avons abordé le problème historiquement et doctrinalement, depuis 3 mois, c'est aussi en vue de comprendre ce qui se passe au sein des EGP.

    Est-ce que ce fonctionnement même des EGP 2003 ne demande pas une véritable réflexion ?
    D'autres questions sur le "psychanalyser aujourd'hui" demandent aussi à être abordées. La psychanalyse est contestée par les neurosciences, les psychothérapies courtes, la sexologie, etc. ; doit-elle, de ce fait, se replier sur elle-même et, comme le Parti Communiste, se suicider plutôt que de se rénover d'elle-même ? Faut-il vraiment figer la théorie, la clinique et les institutions freudiennes, pour sauver la psychanalyse, les psychanalystes et leurs patients ? Sauf invasion brutale et énorme disproportion du rapport de forces, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, puisque le peuple analytique n'est pas menacé d'asservissement ou d'extermination, le risque majeur couru par la communauté psychanalytique nous paraît être le durcissement doctrinal et la défense tous azimuts de positions acquises, ce qui la conduirait à une mort lente, par anémie et/ou sclérose.
    Nous avons l'intime conviction que la psychanalyse ne durera et ne vivra que par un continuel remaniement, ou mieux, par un état "vivant" de sa doctrine, de ses pratiques et de ses institutions.

    C'est ce que nous vous proposons de mettre en débat le 21 juin, notamment en formulant quelques questions qui pourraient être présentées aux EGP 2003 à Rio et continuées ensuite à être élaborées.

    P.S. : Nous pouvons noter que la psychiatrie française vient elle aussi de tenir à Montpellier du 5 au 7 juin 2003 ses Etats Généraux (site : www.eg-psychiatrie.com). Quelle coïncidence !

     

     

     

    INFORMATIONS GROUPE AXES ET CIBLES ANALYTIQUES: Thèmes des prochaines réunions:

    1) LE SAMEDI 24 MAI 2003 de 9H 30 à 18H. Axes et Cibles organise toute une journée d'études autour de l'intitulé suivant :
    "HIÉRARCHIES ET TRANSFERTS, RÉSEAUX ET PRIVILÈGES, PSYCHANALYSE ET DOMINANCE "
    Il s'agira de réfléchir à la façon dont des phénomènes de domination hiérarchique et de défense des privilèges qui régulent habituellement les rapports humains ne manquent pas de se manifester à l'occasion des cures et dans les rapports entre analystes. Comment les psychanalystes composent-ils d'ordinaire avec la part inconsciente de ces comportements et en quoi un cadre comme celui des États Généraux de la Psychanalyse peut-il aider à démonter quelques-uns des encodages socioculturels qui maintiennent certains rapports de pouvoir ou d'abus de pouvoir du côté de l'inanalysé ?
    Par ailleurs on se demandera s'il existe un invariant des phénomènes de répétition dans les cures et si les transformations les plus marquantes de la famille, de la société et des conditions de circulation de l'information ne sont pas en train d'affecter sensiblement un métier plus que jamais complexe et impossible.

    Cette journée se déroulera dans l'atmosphère zen du Jardin des Fées, 29 rue des Trois Bornes 75011 Paris. Un programme plus détaillé sera prochainement mis en circulation.

     

    2) La prochaine réunion du groupe aura lieu ce SAMEDI 26 AVRIL de 15 heures 30 à 18 heures Salle Jean XXIII à l'USIC 18 rue de Varenne 75007 PARIS. Il y sera question de: la démarche poétique dans sa ressemblance et ses différences avec la démarche analytique.

    Sophie Brugerolles qui anime régulièrement un groupe de poésie dans les Yvelines, partira de la diction de certains poèmes tels que " Question " pour nous soumettre ses interrogations sur la psychologie des profondeurs.
    Comme la musique, la poésie est un art dont l'exercice est censé adoucir les mœurs. Serait-ce qu'elle est, comme l'analyse non seulement susceptible de traduire mais aussi de transformer nos fonctionnements psychiques et si oui jusqu'à quel point ?
    Ou se situe le tiers symbolisant dans ce genre d'aventure ?
    Le choix de Sophie sera en tout cas l'occasion de nous sensibiliser à un type de travail qui ne saurait se résumer à l'art de combiner les sonorités, les rythmes, les mots d'une langue pour évoquer des images, suggérer des sensations ou susciter des émotions puisque, d'une certaine façon, cette intervention sur les mots touche aussi à l'Art de s'allonger, entendu au sens de poursuivre un chemin hors de soi, visant à croître tout simplement.
    Cet abord devrait nous inciter à entrer ensuite dans une réflexion plus large autour des liens entre Poésie et Psychanalyse, deux disciplines où il est sans doute bon qu'existent de nombreux apprentis si l'on souhaite voir émerger de temps à autre, quelques sourciers.
    Question

    Dans l'acuité du noir
    Ta question pertinente
    Me lancine me percute.
    Dans l'opportunité du soir
    Ta question insolente
    Me fascine me culbute.

    Point d'interrogation
    Bulle galbée, décapante,
    Indiscrète parole
    Ta question m'attend, patiente, toute attention,
    Torture pernicieuse
    Violant un espace où je m'étiole, m'isole et me désole.

    Elle me précipite en eau trouble
    M'inflige une rougeur au front
    Dans le dos une suée d'outre-tombe
    En mon camp retranché me double
    Me nargue avec affront
    En vérité m'atteint pour que le masque tombe.

    Mes réticences exacerbées
    Je me sens sur le gril
    Brûlante, pain au fournil.
    Une dernière fois en un réflexe inné
    Je m'arc-boute contre son trait d'emblée.
    D'une hésitation tremblée
    Coeur tuméfié assurance liquéfiée
    J'embrasse mon angoisse, osant te défier.
    Ta question à l'état sauvage
    Me sauve du naufrage.

    Parachutée, ta question fieffée rouée
    A surfé sur l'entre deux réponses,
    Râpante, récurrente pierre ponce
    Décodant mon sourire moite, mon ego enroué.

    Ta question en suspens quelque part humiliante
    A rouvert ma blessure. Elle saigne mon souci.
    L'essentiel est là, le doigt sur la brisure.
    Maintenant je puis grandir et guérir. Merci.
    Sophie BRUGEROLLES

    P.S : L'argument général de ce groupe de travail, un résumé des sujets abordés au cours de l'année ainsi que divers documents, dont certains relatifs à la controverse qui s'est récemment engagée au sein des "Amis des EGP" sur le sens à donner au mouvement des États Généraux de la Psychanalyse en fonction de sa référence historique, seront prochainement mis en ligne par l'intermédiaire des sites des États Généraux
    (www.etatsgeneraux-psychanalyse.net/www.estadosgerais.org/) ainsi que sur des sites amis tels que Psychanalyse in Situ ou Oedipe (www.psychanalyse-in-situ.com/, www.oedipe.org/)

    Il est facile d'entrer en contact avec Axes et Cibles Analytiques si l'on souhaite participer à l'une de ses réunions ou indiquer qu'on ne veut plus en recevoir les informations en adressant un e-mail à : Egp-axes@wanadoo.fr.

    Pour la coordination du groupe Michel Juffé, Jacques Letondal, Anne-Geneviève Roger.

     

     

     

     

     

     

     

    Réunion du 1er Février 2003

    Autour de la question suivante apportée par Fabio Landa :
    Y a-t-il une théorie de la formation des psychanalystes dans une perspective ferenczienne? (sur ce site)

    Nous vous rappelons que le principe de ce groupe de travail consiste à lire le texte mis en circulation avant le jour de la rencontre pour que l’échange entre l’auteur et la salle soit de meilleure qualité.

     

     

     

     

     

    Compte-rendu de la réunion du samedi 11 janvier 2003

    Président de séance : Jacques Letondal

    La rencontre de ce jour permet à Samuel Lézé, étudiant en ethnologie, de présenter ses travaux de recherche pour sa thèse et de proposer une démarche intéractive aux membres du groupe.
    S. Lézé décrit les difficultés que le chercheur peut trouver face à son objet de recherche : le projet est de proposer une objectivation d'un ensemble de pratiques des psychanalystes avec pour thème sous-jacent ¨ Pratique du secret et secret de la pratique ¨.
    Le chercheur se pose les questions suivantes : pourquoi les psychanalystes ne rendent-ils pas compte de leur pratique à leurs pairs ?, qu'est-ce qui de l'actuel et du social aurait un impact au sein même de la cure ?


    Corinne Daubigny souhaite intervenir au cours de la présentation du travail proposé. Elle tient à faire part de son désaccord concernant certaines déclarations faites récemment et publiquement au Congrès de Buenos Aires par des membres du groupe Axes et Cibles à propos des activités de l'association : pour elle ni le site ni l'association ne sont "moribonds".
    Elle nous informe par ailleurs des décisions prises lors du dernier Conseil d'administration des Amis concernant les groupes et annonce la parution prochaine sur le site du compte-rendu de l'Assemblée Générale qui avait fait officiellement le point sur les activités et projets de l'association...

    Il est demandé à S. Lézé de préciser sa démarche, ses postulats et hypothèses.
    Sa recherche est essentiellement descriptive et non représentative d'un échantillon quantitatif.
    L'interview de plusieurs psychanalystes lui montre combien les pratiques sont diverses, qu'il existe une grande variété entre la théorisation et la pratique eu égard à l'invention et l'innovation dans la cure d'analystes.

    La question du transfert ne peut se paramétrer par aucun critère scientifique.
    Pas plus la dynamique de la cure que ses enjeux, ses finalités qui ne cessent de se subvertir et de se transformer au sein de l'acte.

    C.Grangeard s'oppose dès lors à ce type de démarche dont les conséquences socio-politiques pourraient être négatives à l' égard des psychanalystes : des ¨résultats ¨ galvaudés ne pourraient qu'être préjudiciables aux débats déjà houleux sur la pratique analytique.
    Mr Lézé pose la question des critères du patient dans son choix de l'analyste; il lui a été répondu :"tel analyste me semble tenir debout"!
    Ce qui est apparu évident au travers de l'étude proposé par Mr Lézé c'est l'importance de la problématique du transfert . Ce qui rappelle ce que disait Lacan sur la transmission : "la psychanalyse est fondamentalement intransmissible, c'est pourquoi chaque analyse réinvente la psychanalyse" ( lettres de l'EFP, journées de Deauville, 1976/77 ).

     

    Karine Masson

     

     

     


    Compte-rendu de la réunion du samedi 14 Décembre 2002


    A l’ordre du jour :
    1. Échos sur la Troisième Rencontre Latino-américaine des États Généraux de la Psychanalyse, rencontre à laquelle ont participé Radmila Zygouris et Anne-Geneviève Roger.

    Pour visualiser l’ensemble du programme de la rencontre de Buenos Aires : www.estadosgerais.org/terceiro_encontro/programa.shtml

    Pour accéder au texte présenté par Radmila Zygouris :
    les États Généraux pourquoi faire? (sur ce site) et sur:
    www.estadosgerais.org/terceiro_encontro/zigouris-etates.shtml

    Pour accéder au texte d’A.G. Roger :
    Soumettre les psychanalystes au risque de la libre association... : www.estadosgerais.org/terceiro_encontro/roger-asociacionlibre_fr.shtml

    N.B : il s’agira non pas de débattre du contenu de ces contributions mais plus de décrire les modalités adoptées lors de ces rencontres latino-américaines et de réfléchir aux avantages et aux inconvénients des diverses formules essayées à ce jour à l’occasion des réunions internationales des EGP.

    2. Vers une prochaine réactivation du réseau français ?
    A l’issue de l’Assemblée Générale de l’Association des Amis des EGP tenue le mois dernier et après l’élection du nouveau bureau dont René Major assume désormais la présidence, il semblerait que l’équipe à l’origine du mouvement veuille bien s’engager à le relancer.
    Par ailleurs, des initiatives surgissent d’autres lieux. A ce propos, voir en pièce jointe le texte de Catherine Grangeard qui annonce la création d’un nouveau groupe EGP dans les Yvelines.
    Première réunion à Beynes le 7 Janvier : catherine.grangeard@wanadoo.fr

    3. Débat autour d’un projet d’affiche pour le groupe Axes et Cibles/EGP.
    Un projet d’affiche est annexé dans les pièces jointes. Le contenu et la forme sont susceptibles d’être modifiées en fonction des remarques formulées par les participants.

    4. Précisions diverses concernant le programme des prochaines séances du groupe. Présentation de la liste des travaux en cours.

    5. Présentation par Jacques Letondal d’un projet de travail en commun visant à la constitution d'une bibliographie-documentation sur "psychanalyse et politique".
    Enfin pour les amateurs de travaux pharaoniques, il est proposé aussi d’aller visiter le site
    http://www.hypernietzsche.org/ et de commencer à réfléchir aux conditions scientifiques et politiques à réunir pour qu’à l’avenir la construction de toiles de ce type autour des textes de Freud, Levinas, Derrida, Laborit etc... devienne envisageable.

    Bien cordialement à tous,
    Anne-Geneviève Roger ag. roger@wanadoo.fr tel : O1 47 54 00 47

    N.B. : Pour ne plus figurer sur cette liste de distribution, il suffit d’adresser un mail à egp-axes@wanadoo.fr

     

     

     

     

     

     

     

     

    Compte-rendu de la réunion du 19 octobre 2002

    A la demande de certains, lors de la prochaine séance, une mise au point sera faite afin de clarifier les liaisons, les différences et les interactions entre la Cyber Revue EGP, les comités de préparation des sommets internationaux, l'Association des Amis des États Généraux de la Psychanalyse et des groupes comme le nôtre. Ensuite l'ordre du jour prévoit la mise en discussion d'un texte de Michel Juffé sur
    "L'essence politique de la psychanalyse".
    - La réunion du 16 novembre 2002, sera essentiellement consacrée à faire l'état de nos propositions pour Buenos Aires et pour Rio ainsi qu'à réfléchir aux idées que les membres de ce groupe pourraient avoir envie d'avancer lors de l'Assemblée Générale des Amis des États Généraux de la Psychanalyse, laquelle se tiendra le même jour à 16h30, en salle de bibliothèque, 4 place Saint Germain des Près.
    (Ceux qui souhaiteraient avoir d'ici là des informations directes sur l'Association des Amis des EGP peuvent contacter le président : Henri Rey Flaud henri.rey-flaud@univ-montp3.f, le secrétaire générale : Didier Cromphout Bd Charlemagne 45-46 1000 Bruxelles ou la trésorière : Marie Claire Boons mc.boons@wanadoo.fr)

    N.B : En raison de la tenue ce jour-là de cette première assemblée générale annuelle, le forum Axes et Cibles sera décalé dans le temps et débutera exceptionnellement plus tôt. (café à 13h30, démarrage de la discussion à 14 heures toujours à l'USIC)

    - L'après-midi du 14 décembre 2003, ceux qui auront fait le déplacement à Buenos-Aires seront invités à venir parler de ce qu'ils auront vu et entendu lors de la troisième rencontre latino-américaine des EGP.
    (Pour plus d'informations,les personnes qui souhaiteraient se rendre en Argentine peuvent contacter Radmila Zygouris)

    - Le 11 Janvier 2003, la discussion tournera autour de questions posées par Samuel Lézé, qui effectue actuellement un doctorat de sociologie au sein du laboratoire de Sciences sociales de l'École Normale Supérieure sur la pratique analytique.

    - Corinne Daubigny, qui va par ailleurs bientôt démarrer chez elle un groupe de travail sur "Etre S.O.I. : sujet d'origine inconnue", coordonnera au printemps prochain un forum Axes et Cibles sur "l'accès aux origines personnelles" (ou plutôt sur les risques liés à leur effacement)

    - Il reste à préciser d'ici la fin de l'année les thèmes des forums du 1er Février et du 15 mars ainsi qu'à mettre au point le programme de la journée du 24 mai 2003.
    Pour cela vos propositions sont les bienvenues.
    Bien cordialement AGR

     

     

     


    Compte rendu du troisième Forum Axes et Cibles Analytiques

    I. Horizon et organisation du Forum :

    Les discussions s'ouvrent sur ce que pourrait produire le Forum Axes et Cibles, Rio 2003 en étant l'horizon. Doit-on seulement s'y rendre pour y assister ou bien doit-on s'attendre à rendre compte de la pratique analytique française? À notre connaissance d'autres groupes se constituent dans cette dynamique, à Tours par exemple (Subjectivus) [1] ou en Belgique. La question de la diffusion de ce forum est abordée. Au regard des analystes sud-américains, il semble que les analystes français se distinguent assez peu par leur initiative personnelle. Ils attendent de leur institution, voire d'une instance, le feu vert décrétant digne d'intérêt telle ou telle rencontre pour s'y rendre. Le Collège International de Philosophie, la revue Sciences Humaines, le Carnet Psy, Le coq Héron, les sites Oedipe et Psychanalyse in situ vont relayer l'information sur l'existence des Forums Axes/EGP et en diffuser éventuellement le contenu. Ces précisions soulèvent le problème de la gestion de l'ouverture et de l'accès au forum : un trop grand nombre de participants est-il souhaitable? L'enjeu est de savoir collectivement ce que l'on veut. Une intervenante demande par ailleurs une clarification sur le rapport et le statut des participants du Forum et des membres des Amis des É.G.P. car ils ne se recouvrent pas.


    II. Diversité et Créativité des pratiques analytiques :

    1. Les analystes n'échappent pas toujours à la tentation d'occulter ce qu'ils font

    Les propos sur les initiatives limitées des analystes français réactivent une discussion sur la particularité de la transmission dogmatique de l'analyse en France. Elle s'effectue en effet essentiellement par des maîtres et non par la pratique : quid de la théorie de la pratique ? Dans cette perspective, l'invention est souvent le fait d'individus isolés qui communiquent assez peu entre eux. Aussi, le renouvellement est-il limité. Un participant rappelle à ce sujet la faible théorisation à partir de la pratique psychanalytique et sa nature essentiellement dogmatique. Les cliniciens (qui sont de plus en plus des cliniciennes) évitent en général de parler de leurs pratiques peu orthodoxes. Une participante évoque l'expérience intime de dire ce que l'on fait, dans le cadre d'un groupe restreint qui ne se substitue cependant pas à une supervision ou à un échange clinique. Il est souligné que dans la littérature analytique, les vignettes cliniques ne décrivent pas ce qui se passe alors que la richesse de ce qui est fait est grande.([2] La question de l'ineffable, de l'initié (être analysé, être analyste) et de la pureté de la pratique est implicite dans cette discussion.

    2. Une expérience pilote : la prise en charge d'enfants maltraités

    Depuis 9 ans environ, l'Aide Sociale à l'enfance (A.S.E.) de Nanterre finance grâce à un budget particulier du conseil régional la prise en charge par un réseau de psychanalystes libéraux (non médecins) d'enfants maltraités. Ces psychanalystes sont rétribués sur la base d'une séance classique ; ils n'ont aucun compte à rendre à l'administration. Cette expérience s'origine dans la construction initiale d'un dispositif de dévoilement spécifique aux cas de maltraitances infantiles et dont la problématique est " Comment entendre un enfant qui se tait ". Le budget de la prise en charge fut accepté sur les bases des résultats encourageants obtenus par les analystes sans que soit promis de " guérison " ou prodigués de " soins ". Néanmoins, la résistance à la reconnaissance de la différence et de la spécificité de l'attitude analytique fit l'objet d'une lutte continuelle jusqu'à aujourd'hui encore.

    Le dispositif consiste à offrir aux enfants pris dans la discontinuité d'un réel douloureux la possibilité d'élaborer leur demande. Dans cette perspective, les analystes ne prétendent pas conduire des cures, mais l'écoute demeure analytique. L'analyste permet de traduire en demande les cris de l'enfant maltraité. Dans ce sens, l'analyste a pour fonction " l'écoute des cris ". Si les cris ou le mutisme signifie " je ne peux pas même demander ", l'écoute analytique est une condition de cette traduction en demande à partir notamment du " cernage du cri ", de la ratification du cri : " tu as le droit d'être blessé ", " tu es blessé comme si tu étais un adulte : c'est pas juste ". Bien entendu, l'enfant doit être préparé à l'espace analytique, qu'il distingue d'ailleurs parfaitement des autres lieux médico-sociaux. L'enfant sent que l'attitude analytique, si l'analyste consent à se laisser affecter, l'ouvre à une autre dimension et le met en position de sujet. Ce qui a en soi un effet. Ainsi, n'est-il pas identifié à un dossier[3] , un symptôme ou à un QI…

    Il s'agit bien d'une modalité de prise en charge qui renouvelle les problèmes et la créativité de la psychanalyse. Il est paradoxal que les sociétés analytiques ne reconnaissent pas les analystes et les pratiques analytiques en marge. Une participante apporte un commentaire sur l'existence de dispositifs sociaux pathogènes : par exemple la difficulté de faire son deuil par manque de rituels minimaux ou de dispositifs sociaux régulateurs. En dépit de certaines avancées, la place de la psychanalyse dans le dispositif social demeure restreinte, ce qui pose le problème de l'articulation entre prise en charge sociale et travail de nature analytique. La problématique sous-jacente qui se dégage est : " Qu'est-ce qu'être analyste aujourd'hui ? " problème qui recouvre par exemple la question des analystes homosexuels, ou la question des médiations financières. A la suite de quoi une participante évoque son expérience de séances à cinq euros.



    III. Secrets de la pratique et pratique du secret

    L'évocation de cette expérience conduit à interroger à nouveau le statut de l'argent en psychanalyse. Il existe un rapport entre l'argent et l'implication (l'investissement) de l'analyste. Cette question, d'ordinaire mise sur le compte de la résistance ou de la dette infinie de l'analysant, mérite un autre abord. Les " jeunes " analystes écartent souvent la question à l'aide de réponses dogmatiques. Il n'est pas rare de rencontrer, fait remarquer une participante, des " psychanalystes L'Oréal " : ils font payer, cher de préférence, car " ils le valent bien "[4] . L'élasticité du paiement est décisive même si cela demande à l'analyste une certaine gymnastique tarifaire en fonction des moyens du patient. Sans cette élasticité, l'analyste peut à travers le prisme de son contre-transfert se faire payer de multiples façons au détriment du patient : par la forte somme exigée, le temps de séance accordé, l'écoute qu'il mobilise.

    Excursus : un participant évoque son projet de désubstantialiser les catégories de la psychanalyse (par exemple appareil psychique, inconscient, pulsion etc.) pour en montrer la construction au sein de l'espace analytique[5] . Un autre évoque une réplique d'Anne Lise Stern alors qu'il lui confiait un peu honteusement son engagement dans Médecins du Monde : " La demande est partout mais les analystes nulle part ". Il est remarqué que les analystes semblent s'autoriser plus de créativité à l'occasion des traitements d'enfants et face à la psychose. Dans la psychanalyse ordinaire " c'est tellement rassurant d'avoir un cadre " [6] .

    Le Forum se conclut sur une proposition de retenir comme thème à venir les secrets des analystes et sur la question de savoir comment arriver à parler du délicat sujet des passages à l'acte (sexuels

    notamment) sur patient. Une des difficultés étant d'aborder ce sujet sans en nier la gravité et sans sombrer dans la dénonciation. Comment ne pas participer à la pratique du secret quand le secret n'est plus au service du patient ?


    À l'heure de se séparer d'autres pensées font retour : dans quelle mesure peut-on rendre compte de la pratique alors que l'écrit verrouille quelque chose de la transmission de l'analyse ? Comment franchir le hiatus entre la restitution des vignettes cliniques et ce que vit et fait l'analyste dans sa pratique ?

    Compte-rendu rédigé par Samuel Lézé & Christine Bardolle

    [1] Cf. Francis CAPRON, " Subjectivus : groupe psychanalytique non institutionnel ", in : www.etatsgeneraux-psychanalyse.net/groupes/Subjectivus.html <http://www.etatsgeneraux-psychanalyse.net/groupes/Subjectivus.html>

    [2] Précision d'un participant : tout ce qui est de la parole n'est pas de la psychanalyse, la parole a ses limites cf SEARLES, H. (1965) L'effort pour rendre l'autre fou. Paris: Editions Gallimard, Série Connaissance de l'inconscient

    [3] Pour ce qui est de l'identification au dossier cf : LONCOL, Joëlle ; LONCOL, Michelle, Itinéraire d'un enfant placé, , 1997, produit par GMT, distribué par Europe Images Internationales, Documentaire de 60 '.

    [4] Dans les années 70, époque faste de l'analyse ; la psychanalyse était pour certains un facteur extraordinairement rapide d'ascension sociale, " c'était fastoche " assure une participante…

    [5] Cf. VIDERMAN, Serge. Construction de l'espace analytique. Gallimard. TEL. 1982. 348p.

    [6] Voir l'article à paraître d'Emilio Rodrigué sur "la séance unique" au domicile de la personne.

     

     

    Compte rendu du deuxième Forum Axes et Cibles Analytiques

    Un rapide tour de table permet aux nouveaux arrivants de se présenter. La variété des formations, la largeur des centres d'intérêts évoqués par les intervenants comme la fluidité des propos échangés présagent plutôt bien de l'avenir de ces réunions.
    Nous sommes assemblés pour produire à terme un certain nombre de travaux théoriques centrés sur les mutations actuelles du monde moderne et pour avancer dans ce projet d'interroger le plus librement possible l'ensemble des liens entre Actualité, Psychanalyse et Politique.
    D'emblée la question est posée de savoir si le thème même de nos discussions, comme notre façon a-hiérarchique de les concevoir et de nous auto organiser, ne constitue pas déjà en soi un acte à situer dans le champ politique.

    Par l'intermédiaire d'un courriel envoyé au groupe, Jean Frécourt nous fait part à la fois de son vif intérêt pour ce que nous entreprenons et de sa grande perplexité par rapport au programme annoncé. Il ne paraît pas évident, nous écrit-il, " que le psychanalyste puisse proposer - en tant que tel, au nom de sa spécificité - une "analyse de l'actualité", sa seule légitimité réside dans l'analyse des interactions de l'actualité et de la subjectivité de l'analysant, la condition, qui ne va pas de soi, en étant que l'analyste y soit disposé. " La question ensuite soulevée consiste à se demander si l'approche retenue n'est pas dangereuse : en avançant dans la logique de cette démarche, ne risquons-nous pas d'être pris dans un engrenage, et d'effectuer en quelque sorte un "acting out politique" susceptible de porter préjudice à l'image et à l'avenir même de la psychanalyse ?
    À partir de la lecture de ce mail, différents avis sont émis dans la salle. Il s'ensuit une discussion qui va aider à clarifier les enjeux, à cerner les écueils possibles, comme à mieux préciser les sujets que nous proposons d'approfondir dans le cadre de ces rencontres.
    Quel que soit le régime sous lequel nous vivons et sous lequel vivent nos patients, nous sommes incontestablement nombreux, au sein de ce groupe, à tenir pour illusoires toutes les positions prétendument apolitiques, et unanimes pour dénoncer cette version perverse de la neutralité derrière laquelle certains analystes ont jadis trouvé et trouvent encore parfois à se retrancher pour abriter leur complicité face à des régimes insoutenables. Poser la question du sens et des éventuelles limites de la neutralité en matière politique ne signifie pas que nous soyons pour autant indifférents au risque de soumettre, par le biais du transfert, les patients aux aléas de nos engagements personnels.
    Un participant rappelle que chacun est à la fois sujet de la psychanalyse et sujet politique. Toute une partie de l'art analytique consiste sans doute à savoir se garder d'être dans la confusion des rôles sans tomber dans un clivage radical par rapport à ces deux facettes d'une même identité, étant entendu que certaines circonstances historiques rendent objectivement beaucoup plus difficile que d'autres de trouver ce juste équilibre. Quelqu'un fait remarquer que les milieux intellectuels en général et les analystes en particulier ont eu souvent tendance à privilégier au XXe siècle les approches structuralistes et à tenir pour plus accessoire l'étude de l'histoire. Or en Europe comme en Amérique Latine, le passé récent prouve que l'histoire de la psychanalyse ne saurait se dissocier de l'Histoire. Pourrions-nous, en nous intéressant un peu plus au passé, apprendre à mieux repérer les situations historiquement et politiquement complexes pour mieux gérer à l'avenir d'autres situations de crises ?
    Des pensées se tournent vers le Brésil où se réunit justement au même moment le groupe animé par Maria Cristina Magalhães et vers l'Argentine où, en novembre prochain, doit avoir lieu la troisième rencontre latino-américaine des É.G.P. La gravité de la situation en Argentine soumet la rencontre de Buenos-Aires à d'inévitables aléas ; il est toutefois probable que ce nouveau regroupement sera une étape importante dans la préparation des É.G.P. II. Quoiqu'il s'agisse d'un congrès essentiellement latino-américain, des personnes en provenance d'autres zones géographiques peuvent aller y présenter des travaux, à condition de venir avec des textes traduits en espagnol ou en portugais.

    Que ce soit dès novembre 2002 ou lors de la Toussaint 2003, nous finirons par transmettre des communications et certains à ces dates se rendront outre-mer. Le fait que les É.G.P. reposent pour beaucoup sur le principe de transferts transatlantiques soulève la question du prix des liaisons au sein de ce réseau.
    Ces transferts sont-il à voir comme renvoyant uniquement à des affaires privées ou se pourrait-il qu'ils soient également porteurs d'une dimension plus large et dans ce cas serait-il envisageable de penser à assumer une partie de cette charge de façon collective?
    L'évocation du prix d'un vol Paris-Rio ou du coût d'une page de traduction est une occasion comme une autre d'aborder de façon concrète les choses de l'argent alors que le débat avait démarré sur une remarque qui venait pointer la difficulté des analystes à parler de façon authentique de l'argent en public.
    La somme de 10 euros demandée pour participer aux forums Axes/É.G.P. ne constitue pas un obstacle susceptible de freiner l'accès aux discussions de ce groupe, par contre allons-nous sans rien en dire et sans rien faire, laisser la barrière de l'argent se reconstituer automatiquement dès lors qu'il s'agira d'aller présenter des idées et des textes à Buenos Aires ou à Rio ?
    La question est donc posée de savoir si on doit tout "naturellement" laisser l'argent servir de facteur de tri pour assurer la "libre" circulation des idées au sein du réseau E.G.P. ou si on peut réfléchir à des aménagements qui permettraient aussi à d'autres catégories d'idées et de gens de circuler à l'international. Maintenant seul l'avenir dira si miser sur le fait d'arriver à mobiliser dans ce cadre des ressources de générosité était un pari fou.
    Les problèmes de paiement de l'analyste sont évoqués avec cette remarque d'une théorisation souvent pauvre et un peu trop tournée sur la défense des intérêts des analystes. Nous sommes dans l'ensemble plutôt d'avis qu'un analyste doit pouvoir faire peu payer, ne pas faire payer et qu'il est même envisageable qu'il puisse participer au financement de la cure de certains patients. En tout cas ces questions ouvertes par le fondateur et dans l'ensemble vite refermées par bon nombre de ses successeurs, nous semblent mériter réexamen. Des membres fondateurs et animateurs du groupe Bastille prennent alors la parole. Sont ainsi rappelées les grandes lignes d'une expérience conçue il y a quelques années par un groupe d'analystes qui s'étaient engagés à prélever une somme modique mais constante sur leurs revenus pour permettre de donner accès à l'analyse à des personnes qui autrement en auraient été écartées. L'œuvre accomplie, les raisons et les conditions de l'arrêt de cette entreprise comme son caractère "héroïque" sont discutées avant qu'il soit fait référence à d'autres types de solutions qui se développent à l'aide de fonds publics et permettent d'intervenir auprès d'enfants particulièrement défavorisés. Le débat amorcé sur les avantages et inconvénients respectifs du recours aux initiatives privées ou aux fonds publics pour élargir l'accès à l'analyse s'infléchit avec cette constatation d'une multiplication des situations où ce sont tous les éléments du cadre classique qui posent problème. La majorité des participants est d'avis que le métier d'analyste se transforme considérablement. Les demandes changent, s'exprimant parfois sous formes de cris qui dérangent violemment tant l'ordre de la société que le confort de nos habitudes de pensée ; mais l'offre d'analyse est également en pleine transformation.
    Des remarques interrogent le statut du mensonge en politique comme en psychanalyse quand d'autres s'intéressent aux capacités nouvelles de transparence offertes par Internet ou au poids de l'Actuel et du Réel de et dans la psychanalyse. Enfin certains intervenants abordent le sujet de la banalisation et de l'escalade de la violence, dont il est question de d'interroger le statut ainsi que celui de la mort. Sommes-nous face à un effondrement de mythes ou de structures ?

    L'ensemble de la discussion ouvre sur de larges perspectives de recherches. Plusieurs directions d'investigation sont annoncées, dont certaines à partir de travaux déjà en cours de rédaction, ce qui devrait permettre d'organiser prochainement des débats autour de publications recoupant des thèmes voisins.

    - L'une de nos priorités va être de témoigner comment le social, l'économique, le politique et le factuel de l'actualité arrivent dans la cure et interfèrent avec la problématique des patients tout autant qu'avec celle des analystes. Quelle est la place faite à l'écoute du social, de l'économique et du politique dans cette institution, à la fois privée et inscrite dans le socius, que représente le cabinet de l'analyste ? Les analystes ont-ils la même oreille sur ces questions quand ils travaillent dans un environnement autre que le cadre libéral ? Et sont-ils toujours les mieux placés pour rendre compte des principaux effets sociaux internalisés, souvent inconscients, qui influent sur leur vision de l'univers comme sur leur conception des processus psychiques ?

    - La question philosophique de savoir si l'essence même de l'analytique ne touche pas d'une certaine manière au cœur même du politique s'annonce déjà comme un autre thème majeur. Il y a à se demander si on peut légitimement supposer que le propre de l'analyse s'inscrit dans la lignée d'une démarche émancipatrice susceptible d'appeler les humains à un au-delà du rapport de force. Les analystes n'ont-ils rien d'original à dire sur la possibilité ou l'impossibilité de sublimer l'appétit de domination, rien de nouveau à avancer sur l'organisation plus ou moins violente des différents types de société existant à la surface du globe et doivent-ils rester muets face au déferlement de cruauté mis en acte dans certains conflits comme ceux du Moyen-Orient ?
    La difficulté de savoir comment s'y prendre pour éviter d'imprimer sur les analysants la marque de choix militants tout en reconnaissant aux analystes le droit et même éventuellement le devoir de s'engager en tant que citoyens nous semble justifier un effort de réflexion élargi. Par ailleurs nous sommes évidemment preneurs de travaux sur le fonctionnement des rapports de pouvoir au sein du milieu analytique, les violences institutionnelles, les pressions diverses et leurs effets sur la pratique psychanalytique.

    - Un autre domaine a priori intéressant à explorer dans un contexte ouvert sur l'international concerne tout ce qui a trait aux nouvelles formes de procréation et de "parenté plurielle " (adoption internationale). Comment penser une vraie solidarité dans les nouvelles formes de coparentalité internationale ? Comment améliorer la protection de l'enfance, notamment dans ces pays du tiers-monde où sévissent l'exploitation du travail à bas prix et la prostitution à base de tourisme sexuel ? Il est également fait mention de la fréquence des déplacements de population, des pertes de nationalité, des refus d'appartenance nationale et de la multiplication des sujets sans papiers : le savoir de l'analyste en l'état actuel est-il d'une utilité quelconque pour penser le rapport à l'identité et au communautaire dans les conflits entre états ou ethnies ou pour penser le statut de réfugié, d'apatride ou encore celui de sujet d'origine inconnu ? Qu'avons-nous à dire face aux transformations de la famille occidentale et face à la perte des repères traditionnels ?(familles décomposées et recomposées, extension des situations de monoparentalité). Quelles sont les nouvelles donnes dans les questions de la construction de l'identité ?

    - Il nous paraît évident que certains maillons de la théorie analytique sont faibles et ont besoin d'être repensés quand d'autres points souffrent justement de n'avoir pas été encore élaborés. Nous estimons que les analystes ont un important effort d'aggiornamento à accomplir et que ce travail nécessite d'être à la fois à l'écoute de la clinique actuelle et de savoir prendre en compte aussi bien les critiques formulées par les patients que les remarques émises par les représentants d'autres disciplines.
    Par rapport à tous ces sujets, nous ne pensons pas qu'il puisse être anti-analytique de réfléchir au malaise dans la civilisation, ni déplacé de vouloir écrire de nouvelles pages concernant le malaise actuel. Il nous est d'ailleurs proposé de relire le texte de Freud sur le Malaise dans la culture et les écrits de Lacan sur le discours du capitaliste avant de nous retrouver à la rentrée.

    Bonnes fin de vacances, bonnes réflexions à tous et rendez-vous le 21 septembre, pour la poursuite de l'aventure.


    Christine Bardolle/Anne-Geneviève Roger

     

     

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