COLLECTIF DU 12
DECEMBRE 2003
Manifeste contre l'amendement
Accoyer et ceux qui suivront
L'amendement ACCOYER est l'aboutissement
d'une longue histoire. Depuis 1995, la grande restructuration
du système public de santé a commencé.
En psychiatrie, la Mission Nationale d'Appui en Santé
Mentale, dite encore Mission MASSE, restructure à tout
va, c'est-à-dire travaille au démantèlement
méthodique des institutions de soins du service public
de psychiatrie. Diminution drastique des lits, diminution de
places dans les hôpitaux de jours, regroupements des structures
extrahospitalières pour faire des gains de productivité
vont de pair avec l'exclusion de tous les patients qu'ils ont
décrétés ne plus relever du secteur sanitaire
mais du secteur médico-social ou social, secteurs tout
autant en déshérence que la psychiatrie et qu'on
a aussi commencé à restructurer. La privatisation
rentable est en marche. C'est le sens de la restructuration actuelle.
Détruire les institutions de soins nécessite d'établir
les critères d'indication de ces soins tout autant que
leur définition. Le rapport CLERY-MELIN, le dernier en
date chargé de réduire la psychiatrie, précise
les conditions d'accès aux psychothérapies catégorisées,
balisées, contrôlées, évaluées
.Il
définit ainsi le cadre du marché de la psychothérapie
qui conduit inéluctablement, dans cette logique, à
exclure nombre de sujets qui d'ailleurs sont rejetés du
système de soins. Un marché doit définir
les critères de sa rentabilité !
Définir les critères des soins et les soins entraîne
tout aussi logiquement de déterminer ceux qui vont les
effectuer. Le pouvoir médico-économique que les
politiques appellent de leurs vux, convoque donc les médecins
à évaluer et à prescrire, à mettre
les non médecins sous leur dépendance.
Il en résulte une attaque en règle contre la
psychanalyse, sa pratique au sein même du service public,
et contre les psychothérapies. Les demandeurs devront
passer sous les fourches caudines des prescripteurs médico-économiques.
Ceci ne peut entraîner que notre refus total. Nous exigeons
donc le retrait de l'amendement ACCOYER quelles qu'en soient
les reformulations qui ne vont pas manquer de surgir aujourd'hui
ou demain.
La para médicalisation des psychothérapies, lourdes
ou légères, et de la psychanalyse est inacceptable.
S'il y a quelque chose à faire, c'est de reconnaître
le travail accompli par nombre de praticiens et, entre autres,
par ceux qui travaillent dans les conditions calamiteuses du
système de santé en général.
Les psychologues, par exemple, attendent autre chose que
d'être para médicalisés par le biais de la
pratique des psychothérapies. Ils attendent une refonte
de leurs études ouvertes à la totalité du
champ des sciences humaines et immergées dans les divers
champs de la pratique. Si la psychothérapie et la psychanalyse
n'étaient que des techniques, çà se saurait
depuis longtemps. Même les psychothérapies les plus
codifiées, les plus technicisées, n'empêchent
quiconque de se trouver confronté à ce qu'il met,
sans le savoir, dans sa pratique de l'humain.
Ce que cela nécessite alors comme démarche ne
sera toujours qu'un acte qui engage le futur psychothérapeute
et ne saurait être ni codifié ni légiféré.
Limiter l'accès aux soins est devenu le seul objectif
de nos technocrates, associé au souci constant d'obtenir
la rentabilité maximale. Ils s'en chargent parfaitement
en limitant au maximum les effectifs dans toutes les professions
du service public de santé.
Cela aussi nous le refusons.
A la para médicalisation des non médecins vient
s'ajouter, depuis le 12 décembre 2003, la para étatisation
d'un grand nombre de psychanalystes. Cette histoire récente
est aux antipodes de ce que nous ont transmis FREUD et LACAN
et que nous désirons continuer à faire vivre.
Ce texte peut être signé
et adressé en retour à Françoise TOMENO,
22 avenue de la République 37100 TOURS ou francoise.tomeno@
wanadoo.fr ou rlebret@netcourrier.com
Cet appel est lancé par un groupe de psychologues et de
psychanalystes de TOURS.
Les prochaines réunions de ce
Collectif auront lieu les 5 et 12 janvier à 20h30, Carré
Davidson 17 rue des Cerisiers Tours