Ayant pris parti dès 1989, avec Serge Leclaire*, pour
une inscription sociale de la psychanalyse et du psychanalyste,
et préconisant à cette fin la création d'une
Instance tierce, représentative du mouvement psychanalytique
français, qui serait chargée de gérer l'interface
entre la psychanalyse et le public, l'APUI
(Association pour une Instance) se réjouit de constater
que les sociétés et associations psychanalytiques
débattent enfin de la meilleure façon de préserver
la psychanalyse dans le monde d'aujourd'hui.
À l'occasion de la perplexité
soulevée par l'amendement dit "Accoyer", qui
réserve la pratique de la psychothérapie aux médecins
et aux psychologues, ces sociétés découvrent
leur accord de fond sur les points essentiels :
1) Bien que ses effets thérapeutiques
soient avérés, la psychanalyse n'est pas une psychothérapie.
C'est une discipline autonome qui construit ses concepts à
partir d'une expérience et d'une méthodologie spécifiques.
De sa place et à sa façon singulière, elle
joue un rôle dans la civilisation contemporaine.
2) Les connaissances issues de la psychanalyse
se répercutent sur les autres savoirs et savoir-faire,
notamment dans le champ de la santé. Mais elles sont inséparables
de la méthode. Or, celle-ci ne s'acquiert que par une
formation analytique. En conséquence, seules des personnes
ayant suivi une telle formation peuvent légitimement pratiquer
des psychothérapies psychanalytiques.
3) La formation des psychanalystes et
la garantie de cette formation ne peuvent relever que des sociétés
de psychanalyse.
4) La psychanalyse est freudienne, indissolublement
pratique, théorie et méthode. Elle ne s'enseigne
pas, elle se transmet suivant trois voies obligées : la
cure, les contrôles, les séminaires théoriques
et cliniques. La responsabilité de cette transmission
incombe aux sociétés de psychanalyse.
5) Transmission n'est pas duplication.
La pluralité est intrinsèque à la psychanalyse.
La pratique et les formulations évoluent avec le monde
extérieur et les avancées de la recherche. Mais
à travers ces variantes se vérifient à la
fois la justesse des fondements théoriques (inconscient,
transfert, sexualité, répétition) et la
pertinence de la méthode.
Ces principes d'unité devraient permettre à un
ensemble représentatif de travailler à déterminer
quelle modalité d'inscription sociale conviendrait à
la psychanalyse d'aujourd'hui et mettrait en valeur la réponse
originale qu'elle apporte à la souffrance psychique et
aux autres formes du malaise.
C'est au nom de ce qu'ils ont appris de la dimension psychique
que les psychanalystes récusent les réformes en
cours dans la politique de "santé mentale".
novembre 2003
* S. Leclaire et l'APUI, Etat des
lieux de la psychanalyse, Albin Michel 1991
** Appel lancé à l'initiative de
Danièle Lévy,
membre fondatrice,
Annick Galbiati, Claude Jeangirard, Marc-Léopold Lévy
(Membres du conseil d'administration), ainsi que
mailto:daniele.levy3@wanadoo.fr
Chacun peut s'y associer, en précisant
quelles fonctions il exerce et, s'il est psychanalyste, à
quelle association il appartient.