Imre
Kertész
Prix Nobel de littérature
2002 pour l'ensemble de son oeuvre
Le refus
Un autre
Etre sans destin
Kaddish pour l'enfant qui ne
naîtra pas
Le
refus
Acte Sud, 2001
Voici la pièce centrale de ce qu'Imre Kertész appelle
la trilogie de " l'absence de destin".
Le Refus est d'abord celui des éditeurs de la période
stalinienne en Hongrie qui rejettent son roman Etre sans destin.
Empêché de rendre publique son approche littéraire
de l'expérience concentrationnaire, Kertész entre
alors dans une sorte de paralysie, une existence de mort-vivant.
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En mettant en scène ses aventures
dans l'univers "socialiste réaliste", Kertész
confère au stalinisme le caractère tragi-comique
d'une farce noire.
Souffrance, lucidité, ironie,
refus de tout totalitarisme : tels sont les éléments
essentiels de l'uvre d'Imre Kertész. Et telle est
la valeur universelle de son art.
Un
autre
Chronique d'une métamorphose
acte sud,1999
Chronique d'une métamorphose : c'est ainsi qu'Imre Kertész
a choisi d'intituler le journal qu'il a tenu entre 1991 et 1995.
Ecrivain de l'ombre pendant quarante ans, Imre Kertész
est désormais un personnage public dont les textes sont
lus à travers le monde. Doublement traumatisé par
l'expérience concentrationnaire puis par la mise au ban
stalinienne, il se confronte, depuis l'effondrement du communisme
d'Etat de la Hongrie, aux conséquences de l'inédite
liberté qui lui est enfin échue.
Aujourd'hui on lui demande d'être
l'éternel témoin et garant de la mémoire
de l'Holocauste, on l'invite en Allemagne, en France, en Italie,
à Vienne et à Tel-Aviv. Lui-même, à
soixante-dix ans, a voulu visiter des lieux de son passé
ou découvrir enfin le visage réel d'une Europe
qu'il n'avait jusqu'alors appréhendée qu'à
travers son immense érudition.
Etre
sans destin
Acte sud, 1998
De son arrestation, à Budapest,
à la libération du camp, un adolescent a vécu
le cauchemar d'un temps arrêté et répétitif,
victime tant de l'horreur concentrationnaire que de l'instinct
de survie qui lui fit composer avec l'inacceptable.
Parole inaudible avant que ce livre ne la vienne proférer
dans toute sa force et ne pose la question de savoir ce qu'il
advient, quand il est privé de tout destin, de l'humanité
de l'homme.
Imre Kertész ne veut ni témoigner
ni "penser" son expérience mais recréer
le monde des camps, au fil d'une impitoyable reconstitution immédiate
dont la fiction pouvait seule supporter le poids de douleur.
Cette uvre dont l'élaboration
a requis un inimaginable travail de distanciation et de mémoire
dérangera tout autant ceux qui refusent encore de voir
en face le fonctionnement du totalitarisme que ceux qui entretiennent
le mythe d'un univers concentrationnaire manichéen.
Mis au ban de la Hongrie communiste,
ignoré par le milieu littéraire à sa parution
en 1975, Etre sans destin renaît après la chute
du mur.
Kaddish
pour l'enfant qui ne naîtra pas
Acte sud, 1995
C'est pour l'enfant auquel il n'a jamais voulu donner naissance
qu'Imre Kertész prononce ici le kaddish - la prière
des morts de la religion juive.
D'une densité et d'une véhémence qui font
songer à Thomas Bernhard, ce monologue intérieur
est aussi le récit d'une existence confisquée par
le souvenir de la tragédie concentrationnaire.
La vie d'Imre Kertész, qui connut
la déportation à Auschwitz et Buchenwald, est littéralement
lacérée par le sentiment de l'exil intérieur
que renforcent les conditions de la vie intellectuelle et quotidienne
de la Hongrie d'avant 1989.
Proférée du fond de la
plus extrême souffrance, cette magnifique oraison funèbre
affirme l'impossibilité d'assumer le don de la vie dans
un monde définitivement traumatisé par l'Holocauste.
Ce que pleure le narrateur, ce n'est pas seulement "l'enfant
qui ne naîtra pas" : c'est l'humanité tout
entière.