Trahir la passion

Catherine Guillaume

Éditions ANTHROPOS

 









Dans un texte de 1907, «La Gradiva de Jensen», S. Freud ne cache pas une admiration, non dénuée d'envie, à l'égard de la passion: elle disposerait pour mener à la guérison d'atouts supérieurs à ceux du médecin. Sept ans plus tard, Freud espère se défaire, en douceur, de cette rivale encombrante: il lui tend le miroir du narcissisme. Revenue de son évanouissement, la passion s'obstine, le transfert prend feu. Excédé, Freud se détourne. Se serait-il senti aussi démuni face aux excès de cette frondeuse impénitente, si peu auparavant il ne s'était détourné déjà de sa propre trouvaille, le trauma et n'en avait négligé la théorie ? Le débat n'a pas eu lieu. De la passion amoureuse à l'amour de transfert, des coups de foudre de l'une aux sublimes idéalisations de l'autre, l'amour comment peut-il s'y retrouver? Il est trop tard pour se détourner. Le feu couve sous la cendre de catastrophes anciennes... Et si la passion s'emparait du signe dont elle prend flamme pour déjouer des clivages survenus aux aurores? De toutes ses forces elle veut faire retour à l'Extrême-Orient de la psyché. Redonner chance à... l'amour d'être reçu, puis départagé ? En contrepoint aux leitmotive de la passion, la poésie et la littérature sont ici requises. Déployant les voiles de deux textes de Marguerite Duras, «Hiroshima, mon amour» et le « Ravissement de Lol V. Stein », l'ouvrage appareille vers les rives d'un réel... qui, laissé à l'abandon d'un imaginaire désarrimé, continuerait ses mises en demeure... Continuerait à ... trahir : effet-père !